Il arrive que des parents soient en désaccord avec l’éducation sexuelle à l’école. Qui est accusée d’aller trop loin, de pousser à « Se questionner sur son identité de genre », d’encourager au sexe, etc…
Et ces parents sont accusés d’être réac, ce qui est une manière de stopper toute discussion.
Essayons de l’ouvrir, la discussion.
Disons tout d’abord que ce n’est pas une bonne idée que les parents se mêlent trop de ce qui se passe à l’école. Parce que en déléguant une partie de l’éducation de leurs enfants, ils doivent accepter de laisser la communauté éducative faire son travail. Les enfants ne seront pas toujours dans l’univers clos du foyer familial, ils seront amenés tôt ou tard à rencontrer le rugueux du monde.
Ensuite, les parents ne sont pas nécessairement les mieux placés pour faire l’éducation sexuelle de leurs enfants. Ceux-ci peuvent être troublés d’entendre le remue ménage dans la chambre conjugale ou penser à leur conception… Quant aux parents, il ont parfois un attachement tel à leurs « petits poussins » qu’ils n’imaginent pas qu’un jour ceux-ci feront des galipettes.
Du temps des familles élargies, les enfants pouvaient s’adresser à un oncle, une tante, un adulte proche et bienveillant. Époque révolue… Du coup, l’État a endossé ce rôle et c’est très bien comme cela.
Mais la grande spécialité de l’État, c’est d’organiser l’équité, donc le même traitement pour tout le monde. Et ici, ça pose de fameux problèmes. D’autant que les experts chargés de ces programmes veulent tout embrasser.
Et nous nous retrouvons alors avec deux difficultés.
Première difficulté : les militants actuels proposent une nouvelle version de ce qu’il faudrait dire et faire dans les écoles. Et cela donne des résultats assez décoiffants.
Exemple : Dès 5 ans : « Prendre conscience que son identité de genre peut être identique ou différente, se rapprocher, s’éloigner, correspondre, ne pas correspondre, différer, osciller, … de celle assignée à la naissance »
En voici une autre exemple : Dès 9 ans : « Accepter les changements et différences physiques (morphologies, diverses formes et tailles du pénis, des seins, de la vulve, changements volontaires liés à l’identité de genre, etc.) »
On est dans le registre idéologique. Le même qu’à une autre époque – ou dans d’autres lieux quand la norme est d’arriver vierge au mariage, par exemple. Face à ces velléités normatives, les parents crient, la ministre examine le rapport de force électoral et cède. Un peu, beaucoup, ou pas du tout.
Le second problème me préoccupe nettement plus. C’est celui d’imaginer – quoi qu’on s’en défende – une exhaustivité de la matière.
Les enfants et adolescents s’interrogent et vont donc sur les sites pornographiques. Et bien sûr, ils n’y trouvent pas grand-chose comme réponses. Connaître toutes les pratiques, dans ses moindres détails, n’aide en rien. De même, donner aux animateurs un guide de plusieurs centaines de page comporte le message implicite – ou inconscient – que vis à vis de sexualité, il y aurait moyen de tout baliser, de tout savoir et qu’il faudrait tout apprendre, tout expliquer. Une totalité très adolescentaire finalement. Voilà une fausse route sur laquelle les éducateurs sont lancés.
Car finalement, que souhaitons-nous comme éducation affective et sexuelle pour nos enfants ? Oui, bien sûr quelques informations pratiques… mais surtout leur permettre de rencontrer des adultes qui peuvent être questionnés sans tabou et témoigner de leur capacité à vivre avec des réponses pleines de trous et de mystères.
Franchement, vous en avez compris quelque chose à votre vie affective et sexuelle ? Et quand vous vous êtes plantés, vous vous en êtes sortis comment ? Combien de fois avez-vous répété de mauvais choix amoureux ? On peut en parler ? Vous avez un mode d’emploi ? Qu’est ce qui vous a aidé quand vous pensiez que votre oreiller était votre seul ami?
En manière de sexualité, ou de vie d’ailleurs, on peut se rappeler la proposition du poète : la réponse est le malheur de la question. Il importe plus de savoir écouter et accompagner les questions que d’y répondre. Certains éducateurs le font, on pourrait leur donner plus de place.
Le guide d’où sont tirés les deux exemples est le guide EVRASS – Avril 2022 mais le propos est nettement plus général.
MAJ Septembre 2023: GUIDE POUR L’EVRAS – BALISES ET APPRENTISSAGES Version 2023 Numéros de dépot : D/2023/15675/01 et D/2023/12700/2