Ils sont parfois profs, donnent des conférences ou séminaires. Que leur cabinet soit orthodoxes ou qu’ils organisent un stage dans le désert, qu’ils parlent ou se taisent, ils aiment à plaire mais surtout, plus prosaïquement, à s’approvisionner en chair fraîche. Mieux que quiconque, ils peuvent comprendre les amours imparfaits et laisser croire qu’avec eux la plénitude serait au programme. Stratégies et arguments sont multiples : consoler, permettre de renouer avec son corps, retrouver une vraie relation affective pour ensuite être capable d’en créer d’autre…
Du fauteuil au lit, il n’y a qu’un pas… si délicieux – et thérapeutique, je vous l’assure.
De chez eux, vous sortirez au mieux honteux et dégoûtés mais le plus souvent détruits. Il vous faudra beaucoup de courage pour aller frapper à la porte d’un autre psychothérapeute qui vous permettra de digérer, de vous rétablir.
Décodage
Dans la relation avec son thérapeute, il est fréquent que le patient éprouve de forts sentiments d’amour (et de haine, aussi bien sûr). C’est ce que l’on appelle le transfert. L’accueil bienveillant et sobre du psychothérapeute permet de progressivement comprendre ce qui se joue, se rejoue là, et, souvent pour son malheur, dans la vie quotidienne, avec ses proches.
De son côté, il arrive que le psychothérapeute soit également pris de sentiments pour son patient. On parlera de transfert ou de contre-transfert. Pour éviter que leurs propres sentiments empêchent leur travail, de nombreux psychothérapeutes font une eux-même une psychothérapie ou une psychanalyse (pour éclaircir leurs propres zones d’ombre) et sont en supervision (ou contrôle) auprès d’un collègue avec qui ils évoquent de leurs difficultés professionnelles.
Avoir des relations amoureuses et/ou sexuelles avec un patient rend le travail psychothérapeutique impossible et relève de la faute professionnelle. Au minimum, le psychothérapeute mettra un terme à la thérapie.
Mais, à côté de ces relations incestueuses, il est des séductions plus subtiles. Certains psys, dont les fondations sont fragiles, feront mi-sourire et autres signes d’encouragement dont la motivation n’est pas tant de laisser entendre au patient qu’il est sur la bonne voie (ce qui est sans utilité, voir la page Les conseilleurs) que de se rassurer soi-même quant à la qualité du lien. Dans un autre registre, il en est qui font commerce et veillent dont à maintenir un cordial climat avec leur clientèle. Dommage, car une psychothérapie ne peut éviter le négatif.
[Reprise d’une série d’articles que j’avais rédigé en 2014 pour un site fermé depuis : Les consolateurs | Les muets | Les prescripteurs | Les diplômés | Les séducteurs | Les brefs | Les gourous | Les m’as-tu vu ? | Les entraîneurs | Les théoriciens ]