En démocratie, le citoyen est adulte.

[Parution originale dans Le Soir – 11/05/202r]

Le coronavirus arrive à un moment de défiance majeure du citoyen envers le politique. A ne pas y remédier, la situation ne peut qu’empirer. Tant pour la démocratie que pour la pandémie.

Nous allons nous déconfiner dans un climat de grande confusion où l’on espère que pour éviter toute recrudescence le citoyen suivra les consignes. Lesquelles ? Bonne chance pour s’y retrouver. Pourquoi ? Parce que !

Une pandémie, comme celle à laquelle nous devons faire face, vient rappeler avec force que pour être vivante une démocratie doit reposer sur le trio Explication, Adhésion et Participation.

C’est l’explication de la situation qui permet l’adhésion du public, cela implique tout d’abord de donner l’information, de la rendre accessible. Nous avons une occasion extraordinaire de comprendre ensemble l’organisation des soins de santé, l’épidémiologie, la nécessité de faire des choix… Les conférences de presse de 11h étaient une excellente idée pour autant qu’elles ne se limitent pas à l’énumération de chiffres accompagnés de sympathiques injonctions. Que les rapports du GEES ne soient ni rendus publics ni expliqués est incompréhensible. La chaîne de service au public et les autres médias sont tout à fait à même de mener le travail pédagogique que cela nécessite. Et permettre que se poursuivent les débats sous d’autres formes.
L’arrêté royal qui organise le tracing est bâclé, n’est pas rassurant en termes de vie privée, n’a donné lieu à aucun avis du Conseil d’État, ni aucune discussion à la Chambre. Il y a urgence ? On est d’accord. Mais il est parfaitement possible d’intégrer dans un texte provisoire le fait qu’il va être discuté et donner lieu à une autre version. Il n’y a pas la moindre raison de confiner le parlementarisme.
Le contact tracing va-t-il fonctionner ? Il y a des craintes à avoir si l’on oublie que la confiance est un processus mutuel.
On voit que la participation est bien au rendez-vous dans les initiatives citoyennes : les petits services entre voisins, les masques bien sûr, la créativité des fablab ou encore la circulation des articles scientifiques… Que cette créativité permette, par exemple, la réalisation d’un respirateur artificiel à moins de 1.000€ pose d’ailleurs la question des brevets versus licences open-source. En d’autres mots : ce qui doit nous rester en commun et ce que l’on peut privatiser.
Mais sans support la participation peine à se déployer. Susciter la participation du public, c’est éviter la position passive et encourager les citoyens à prendre un rôle actif, ce qui – on le sait – renforce l’immunité. Comment ? Entre l’appel des 123 chercheurs en sciences humaines, celui d’Extinction Rebellion et la proposition de Paul Magnette de remplacer le Sénat par une assemblée citoyenne, on voit circuler un levain qui ne demande qu’à faire monter la bonne pâte, la « décence ordinaire », chère à Orwell.
L’incertitude qui fait partie de la vie se voit exacerbée dans la situation de crise actuelle et, face à l’angoisse, l’on voit flamber tous les mécanismes de défense habituels. Si le gouvernement n’évoque pas l’incertitude, n’explique pas les options en présence et les raisons de ses choix – doutes compris, s’il ne suscite pas à cette occasion l’émergence d’initiatives participatives comme celle du G.1000 de David Van Reybrouck… Alors, il provoque le maintien du public dans une position infantile. Et les uns de rêver à un État (sur)protecteur et autres héros sauveurs pour vite retourner à la situation d’avant : l’insouciance naïve d’une cour de récréation. Et les autres de gronder d’une colère que l’on appelle aveugle quand la force qu’elle contient ne peut construire.
Là, c’est la démocratie que nous laisserions le virus attaquer.

– – –
Vincent Magos est psychanalyste. Par le passé, il a créé et dirigé de nombreux programmes de prévention dans les domaines de la promotion de la santé, du sida, de la prévention de la maltraitance… Il a récemment donné une conférence en ligne Covid-19 : du confinement au tracing

On court,
on zappe,
on est pressés...
Quand prenons-nous le temps de voir ce qui se passe en nous?

Arrêtons-nous un moment...

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